Coca - Iquitos, 14 jours au rythme de la jungle

Ca n’a pas tous les jours été simple, mais on l’a fait: on a suivi le cours du fameux Rio Napo pour passer de l’Equateur au Perou par la jungle amazonienne. Une belle experience, que l’on recommande a tous ceux qui en ont le temps et l’envie. Pour ceux la, ainsi que pour la famille et les amis, en voici un resume, en esperant que cela apporte quelques informations utiles, pas toujours evidentes a trouver sur ce sujet.

Coca - Nuevo Rocafuerte

Coca se situe la ou le Rio Napo commence, a la jonction entre les Rios Coca et Payamino. Facile a rejoindre, en ce qui nous concerne a quelques 6 heures de bus de Tena, ou 10 de Baños ou de Quito.

La ville n’a, disons le franchement, aucun charme. Mais la vie n’y est pourtant pas desagreable. Il y a des petits singes dans les arbres a cote de la Capitainerie, on peut y manger des larves grillees, du maito, poisson cuit a l’etouffee dans une enorme feuille, on peut y boire du jus de canne super frais - avec du citron, c’est un pur bonheur.

De Coca, le plus economique pour rejoindre Nuevo Rocafuerte est de prendre la transport public. Depart les Dimanche, Mardi, Jeudi et Vendredi a 7h du mat. Passez prendre votre billet la veille, dans l’apres midi. Ca coute 15$ par personne, et ca prend 10 a 12 heures. Si par manque de bol, un moteur tombe en panne en route, ca en prendra 14. Forcement, ca va moins vite avec 50 chevaux au lieu de 125. Et puis a partir du moment ou la nuit est tombee,le chauffeur ralentit un peu car le bateau n’a pas d’eclairage!

A mi-parcours, pause dejeuner a Pañacocha. Les deux ou trois restos de ce minuscule village attendent les passagers avec une soupe, une assiette de poulet frites et un jus de fruits pour 2,50$. Il y a possibilite de s’arreter a Pañacocha, pour y visiter la lagune, et continuer vers Nuevo Rocafuerte le lendemain ou surlendemain. On nous l’a deconsille, car les installations petrolieres recentes ont fait fuire les animaux...
Une autre option, que l’on a pas essaye, serait de faire la route avec des “petroleros”. A priori 5 dollars de plus, pour 8 heures de moins.

Parc National Yasuni

De Nuevo Rocafuerte, nous en avons profite pour aller a la decouverte de la jungle, autour de la lagune Jatuncocha. Ne pas manquer d’y passer quelques jours. Au programme: marche dans la jungle a la recherche de singes hurleurs. Pas faciles a observer, ils vivent haut perches dans les arbres. En marchant, on en apprend beaucoup sur l’utilisation des plantes comme traitement medicinal; y’en a pour tout le monde, une vraie pharmacie! En fin d’apres midi, les dauphins roses viennent pecher dans les eaux calmes de la lagune. Puis a la nuit tombee, on ressort pour chercher les caimans a la lanterne, tout en silence. Un grand moment de serenite, envoutes pas les sons de la foret et le ciel etoile.


Notre guide Yate fait partie de la tribu Wahorani, originaire d’une partie tres reculee du parc, la ou les indigenes vivent encore a moitie a poil et chassent le singe a la sarbacane. Super gentil, mais aussi super naif, c’etait vraiment super interessant d’echanger avec lui, d’entendre son point de vue sur la civilisation, et d’apprendre a monter aux arbres avec l’aide de lianes. 

Pour l’hebergement, nous avons choisi le camping plutot qu’un lodge tout confort un peu surfait a notre gout pour visiter la jungle. C’etait pas tres confortable, mais c’etait vraiment cool de dormir au coeur de la foret. Nos compagnons de voyage n’auront supporte que deux nuits. Au second reveil, la decicion etait prise: ils rentrent a l’hotel. Nickel, on a eu les guides juste pour nous jusqu’a la fin du trip.

Nuevo Rocafuerte - Pantoja

Apres Nuevo Rocafuerte, le Rio Napo continue sa descente vers le Perou. A 45 minutes, le premier village: Pantoja. Le prix “officiel” du trajet est de 60$, par embarcation, en general jusqu’a 6 personnes. Pas de transport public, il faut trouver quelqu’un qui veut bien vous y emmener. Alors avant de le faire , un conseil: faites le savoir a tout le village, capitainerie, bureau de migration, tous les hotels, … en esperant trouver quelques autres personnes avec qui vous pourrez partager le cout du bateau. C’est comme cela qu’un peruvien, proprietaire d’un magasin a Pantoja, alors qu’il faisait ses achats en Equateur, nous a pris dans son bateau pour son trajet retour.

Avant de quitter Nuevo Rocafuerte, il faut passer a la “migration oficina” pour obtenir un tampon de sortie dans le passeport. Pour la petite histoire, nous avons du donner les directives a l’officier car il ne savait pas vraiment quoi faire!. Des en arrivant a Pantoja, meme chose pour le tampon d’entree.
Comme le disent les gens de Nova Rocafuerte: Pantoja es muy triste... A l’arrive on a apprecie de voir du monde dans la rue mais en fait on s’est vite rendu compte qu’ils ne decollaient pas de leur banc car il n’y a pas grand chose a faire... L’arrivee de la lancha, 1 fois par mois, est l’attraction du coin , surtout parcequ’elle apporte le rechargement de biere!!!!

En parlant de la fameuse lancha, nommee Cabo Pantoja, nous avons pu y dormir gratuitement jusqu’au depart du bateau 4 jours apres, plutot economique, non? Attention ne pas oublier son hammac, car les cabines sont vite prisees!

Pour faire passer le temps a Pantoja, on va proposer notre aide au college. On apprend qu’il n’y a pas de professeur d’anglais depuis plusieurs mois, alors aussitot le directeur nous engage. Les matinees suivantes, nous avons donc revu les bases avec les enfants du secondaire: les phrases de survie, les chiffres, les lettres, et un peu de vocabulaire sous forme de jeux. Un bon moment.

Les apres midis, c’est pas bien violent. La vie a la mode de Pantoja: une sieste apres le dejeuner, on s’asseoit sur un banc et on discute avec qui ceux qui nous entourent, un peu de peche aux piranhas avec les enfants, tranquille quoi.

 

Pantoja - Iquitos

Jeudi matin, 6h: ca y est, depart de la lancha! C’est parti pour 3 jours de “croisiere” jusqu’a Mazan. La destination finale de l’embarcation est bien Iquitos, mais il y  un raccourci non negligeable a Mazan: 10 minutes de moto taxi + 1 heure d’embarcation rapide contre une boucle de 16 heures avec la lancha. Le choix a ete rapide...

Les 3 jours passes sur la lancha n’ont pourtant pas ete ennuyants. Il y a des arrets tres frequents dans des villages, voire des maisons completement isolees. Ca nous permet de nous degourdir un peu les jambes et de voir un peu la vie humaine dans le fin fond de l’Amazonie; on venait dans la jungle pour voir de la vie animale, mais a notre grande surprise on y a vu plus de vie humaine.

Mais ce n’est pas pour faire du tourisme que le bateau s’arrete. C’est pour acheter des bananes ou des animaux aux paysan. Jamais vus autant de bananes de notre vie. Le premier niveau de la lancha en etait rempli: des milliers de regimes de bananes, qui vont etre revendus 4 fois le prix en ville. On embarque des vaches aussi, des cochons, des poules. Pas toujours evident de faire monter ces betes sur le bateau. On a bien failli en noyer une dans le fleuve...

Le transport de Pantoja a Mazan coute 30 dollars US. Ca inclut un emplacement pour le hammac ainsi que 3 petits dejeuners, dejeuners, et diner. Attention, ce n’est pas de la grande bouffe. Tout est prepare avec l’eau - marron - du fleuve, et au moment du service, en ligne avec notre gamelle, on se croirait en taule. On peut toujoiurs marchander quelques fruits frais avec les paysans lors des arrets, ou encore acheter des snacks a la mini epicerie sur la lancha. Pour l’eau, nous avions notre filtre ainsi que notre camping gaz pour la faire bouillir. Et malgre toute notre prudence, ca nous a retourne l’estomac...

Iquitos

Ca fait quand meme plaisir de dormir dans un lit et de manger dans un bon restaurant apres tout ca, dont certains avec une vue imprenable sur la mythique Rio Amazonas. Il faut passer quelques jours a Iquitos et ses environs, c’est immanquable. Cette ville, la plus grande au monde non connectee par route, a evolue a sa maniere au fil du temps, pour developper un style de vie et une atmosphere aussi agreable que difficile a decrire. Le marche de Belem, le plus grand marche “jungle” est incroyable: tout ce qui bouge dans la foret se retrouve en vente, decoupe en morceaux, prets a cuire. Le quartier de Belem est tout aussi incroyable: afin d’eviter de payer un terrain, les maisons ont ete construites sur le fleuve, en flottaison et en mouvement au rythme des crues et decrues.

Pour quitter Iquitos, on avait bizarrement pas trop le gout de repartir pour 6 jours de bateau jusqu’a Pucallpa. On a prefere l’option Star Peru, qui nous a ramene a Lima pour 75 dollars par personne en 1h30 de vol, et ainsi se conclut un trip de 14 jours inoubliables dans la jungle amazonienne.

 

 La vie est un long fleuve tranquille, le Rio Napo aussi.

Aurelio y Cecilia